LAO DESIGN #31 / L'arbre aux sabots

 
Il mesurait six mètres, c'est donc à tout hasard que je demandai s'il était à vendre. La pépiniériste me dit que oui, en donnant un prix étonnant, équivalant à environ douze euros. D'une voix aiguë, elle appela deux hommes qui se mirent aussitôt en action. J'eus ensuite tout loisir de me promener dans les allées d'arbres à vendre, du plant de vingt centimètres jusqu'aux arbres jeunes adultes. Autant d'histoires que je raconterai par ailleurs. Pour l'heure, comme je m'enquis du transport de celui que je venais d'acheter, il me fut répondu que la maison ne livrait pas. D'un mouvement de tête, mon frère me fit comprendre que ça tiendra dans son pick-up. En effet, on commença par raccourcir l'arbre à quatre mètres, et on lui fit une coupe ras les oreilles du plus bel effet. Sans son feuillage, il ressemblait à un porte-manteau. Une fois embarqué, il dépassait de deux mètres du pick-up. Alors, on attacha un sac en plastique bleu, en guise de signalétique, à la branche la plus reculée vers l'arrière. Le soir même, le mari de Mèe Ban planta l'arbre dans le jardin. C'était il y a un mois. Mais c'est seulement depuis quelques jours que j'ai remarqué qu'il restait un lambeau du sac en plastique bleu, précisément les deux anses qui ont servi à faire le nœud. Ainsi s'exprime le design laotien, dans des formes qui renouvellent quotidiennement le regard et les pensées qui s'y rattachent. Depuis, un fil électrique est venu s'appuyer sur une autre branche, courant vers le poulailler, dont le design fera l'objet d'une autre étude. Enfin, notons la panière en plastique. Elle contient le dentifrice, les brosses à dents, le savon pour la toilette du matin et du soir, en attendant que les salles de bain soient terminées, ainsi que de la lessive en poudre sur la branche à hauteur de main. L'arbre a trouvé une terre d'accueil et du travail.

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