Tu parles bien laotien

La queue de cheval n'arrange pas mon cas. Les gens me demandent tu es japonais ? coréen ? chinois ? thaïlandais ? singapourien ? hongkongais ? laotien ne leur vient pas à l'esprit. Déjà qu'avec les cheveux courts, même en sortant de chez un coiffeur laotien à vingt mille kips la coupe qui vous fait sans faillir et en dix minutes une tête de Laotien pur jus, les gens trouvent que j'ai une allure d'ailleurs, rapport à mon goût pour les pantalons de pêcheur thaï et les tongs. Pas normal de se balader en ville fringué comme un paysan, faut au moins être touriste. Heureusement, dans ce tableau orientaliste, j'entends de plus en plus souvent "Tu parles bien laotien". Le contexte est toujours le même, au marché, dans un magasin, au restaurant, dans un karaoké... bref, c'est moi le client. Or ce n'est pas le sens du commerce qui fait dire à tous ces gens que je parle bien laotien. Les Laotiens ont, certes, le sens du commerce, mais d'un sixième sens du commerce, qui ne s'apprend dans aucune école. De plus, je sais que le sport national du pays lao est de se moquer des gens en leur présence et en public. Cependant, dans le cas qui me concerne, pas une trace de moquerie... Mais il y a toujours un mais. Que j'ai fini par comprendre. Le sens exact du compliment pour être perçu demande de compléter la phrase : tu parles bien laotien pour un Japonais, un Coréen, un Chinois, un Singapourien, un Hongkongais, un Thaïlandais, ou tout ce que Bouddha a voulu que que tu sois... 

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