12 MARS IN ABSENTIA

La maison de mon frère n'est pas terminée. C'est moins un état des lieux qu'une définition du genre de personne auquel appartient mon frère, et du genre d'habitat dans lequel il convient de classer la maison laotienne. Quand je me réveille ce matin-là, les enfants sont debout depuis longtemps, de même que leur mère. Quand je photographie cette scène, je suis à la fois en dedans et en dehors du tableau. Cela ne doit rien à ma discrétion, mais à quelque inflexion cézanienne du regard, dès lors qu'on se trouve en terre laotienne. Autrement dit, je fais partie des meubles, ce qui, en soi, est un abus de langage, car de meuble, au Laos, il y en a très peu. J'existe sans exister. Mon regard pèse le poids d'une plume. Plus précisément d'une moustiquaire, maison dans la maison, chambre rêvée, cotonneuse, vaporeuse. Nul besoin de sortir de mon demi-sommeil. Nul besoin de faire semblant de dormir. Je suis là, la vie suit son cours.

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