
Vientiane, janvier 2020. J'étais là, pendant le Covid 19 d'avant qu'il ne fût frappé de l'infamie de la pandémie. J'avais quitté le trafic de la rue Sethatilath pour couper par les ruelles de Wattai Noi, qu'à New York on appellerait Riverside. Il est neuf heures du matin, le soleil tape déjà fort, j'avais envie d'une soupe vietnamienne, phö, qu'on prononce feu. J'ai mis longtemps avant d'arriver là parce que sur la chaussée défoncée on roule lentement, en zigzaguant, mais j'ai parcouru moins d'un kilomètre avant de trouver mon bonheur, un bar à soupe sans façon, j'ai donc eu mon phö et, sans sourciller, malgré l'heure matinale, j'ai commandé ma bière avec glaçons. A quel point c'était bon ? A en oublier que j'avais l'âge de mes artères. J'avais avec moi mon Pentax K1000, chargé avec une 200 asa, quand j'ai vu l'homme en costume noir accroupi devant le fleuve, j'ai arrêté de manger ma soupe, j'ai fait les quelques pas nécessaires pour régler mon cadre et j'ai pris la photo. Le 28 mm l'éloigne plus que dans la réalité. Mais l'optique ne sait dire qu'imparfaitement l'intimité de l'autre qui nous est à la fois étrange, étranger et proche. Le fleuve a pour nom Mékong.
Commentaires
Enregistrer un commentaire