Le temps, l'espace et l'oubli.
Les mots sont les cailloux qu'on lance pour faire des ricochets à la surface de l'eau. Il est dans la nature des cailloux-mots de couler dans les profondeurs après avoir volé dans les airs. Comme il est dans leur grâce de dessiner en surface des cercles concentriques éphémères. En grandissant, les cercles vont fatalement vers l'épuisement de leur énergie.
Pendant les prises, je demande aux interprètes d'écouter les sons du lieu. Les sons du lieu donnent la mesure de l'espace et du temps.
Les marques au sol sont des marques temporelles.
On peut mesurer une distance en nombre de pas. On peut mesurer la même distance en nombre de respirations.
Une respiration se fait en trois temps. L'inspiration, une suspension, puis l'expire.
Il en est de même de la marche qui se compte en trois temps. Sauf quand elle est militaire : une... deux... une... deux... ou horlogère : tic... tac... tic... tac
Un acteur qui oublie son texte est plus juste qu'un acteur qui oublie de respirer.
L'oubli est la définition du texte comme la respiration est la définition du corps.
Quand une prise est bonne, je n'ai pas de voix pour dire couper.
Action, pour lancer la prise, j'aime bien. Je ne fais que des films d'action.
Trouver le bon geste permet de trouver le ton juste pour prononcer les mots.
Dans cette prise (celle gardée au montage), il n'était pas prévu que la fleur tombe de la robe que Nathalie Richard prépare pour son amie. Or, la fleur épinglée sur la robe est tombée dans le mouvement de déplacement des actrices, Nathalie l'a ramassée en passant. Cette action improvisée donne le poids de toute la fin du plan.
merci kiyé pour ce texte ....les mots dans l'espace dans la vie
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