Au fil du temps

 


La veille, ma sœur aînée et ma mère étaient venues au lac pour accomplir le baci, rituel animiste lao pratiqué dans les moments importants de la vie. Elles avaient roulé deux heures depuis Vientiane jusqu'au lac, en suivant la route 13 Nord, sorte de Route One Lao PDR... Elles étaient arrivées avec deux heures d'avance. Comme il était à craindre, parce qu'aucune  journée de tournage ne finit à l'heure, nous étions arrivés avec deux heures de retard : deux + deux, ma sœur et ma mère avaient donc attendu quatre heures. Pour le film précédent, "Tuk tuk", le baci était devenu une séquence du film, capté dans un geste documentaire, c'est à dire à la volée, en courant après le présent qui ne cessait d'éclater en instants fugaces. Et pourtant, parce qu'on a filmé en pellicule (je dis ça en passant, sujet de thèse), il en est resté quelque chose pour toujours. Voyez les bracelets en fil de coton que nous portons aux poignets. Ainsi se conclut le rituel du baci. Chaque personne présente noue un bracelet de coton à une autre personne en formulant des vœux de bonheur, de réussite, de chance, etc. Comme le veut la coutume, Aaron Sievers (chef-opérateur) et moi avions gardé nos bracelets porte-bonheur jusqu'à ce qu'ils se détachent d'eux-mêmes avec le temps, jusqu'à la fin du tournage et quelque temps encore après notre retour en France. 

Commentaires

Articles les plus consultés