Snow motion

La neige pour être décrite demande de déplacer les lois de la physique vers les lois de l'émotion. Chaque fois, l'étonnement domine sur toute considération prosaïque. Monochrome comme sable du désert, minimale dans sa blancheur mais instable jusque dans la sensation qu'elle procure d'éternité. Phénomène d'une saison et d'un génie du froid qui, au lieu de figer, fait trembler de joie et sentir la moindre vibration de l'air. Rien de cotonneux dans la perception in situ. Car le froid pique les joues, les oreilles, les doigts, les orteils. L'immobilité est à déconseiller. Alors, on marche, et marchant on produit sa propre chaleur. L'effort est intense dans la poudre blanche, mais sans fatiguer. Le bénéfice de l'échauffement du corps transforme la douleur du froid en réconfort. Le même effort sur un chemin de randonnée en été facture plus cher en épuisement. N'ayant pas de gants, j'ai accompli toute la sortie en raquettes les mains dans les poches de mon pantalon. Je gardais mes doigts au chaud au contact de la chaleur de mes cuisses. 

Est-ce que le brouillard est de même nature que la neige ? Il avait, en tout cas, un lien de parenté très fort avec elle. Je ne suis pas un scientifique alors je me permets de le dire ici : la neige est la cristallisation du brouillard. Et les arbres semblent agir sur les flocons comme des aimants sur la limaille de fer. L'ensemble neige + arbres, qui n'est pas un système mais fruit de retrouvailles intimes, produit un monde en soi. Sous les arbres couverts de neige, il règne un silence organique qui grandit votre corps à la dimension de la montagne. Sous les arbres, non pas pétrifiés mais sensibilisés, il règne une douce chaleur comme à l'intérieur d'un igloo. J'ai lu avec émerveillement qu'il suffisait de la flamme d'une bougie pour amener sa température à 19°C.

 

Commentaires

Articles les plus consultés