Rose Taka

À chaque séjour, acheter pour le plaisir un de ces cahiers sans marque, sans indication du nombre de pages, comme si importait seulement d'en avoir un avec soi pour jeter quelques notes dont la fonction n'est pas de garder mémoire d'instants fugaces. La couverture, en papier coloré, est d'un rose que j'appelle Taka du nom de la danseuse qui portait une robe de la même couleur dans "Rain" d'Anne-Teresa de Keersmaeker. Taka est japonaise, danseuse de formation classique, grande, longiligne et très drôle. Une sorte de Pierre Richard. Finalement, c'est peut-être cela la vraie raison qui me fait jeter des notes de voyage sur des pages à petits carreaux : non pas garder trace du présent, ici et maintenant, mais faire ressurgir d'autres instants fugaces d'un ailleurs dans le temps et l'espace. Néanmoins, si levant les yeux de ma page, je voyais débarquer Taka, je n'aurais pas d'autre choix que de reformuler avec d'autres mots cette hypothèse. Aussi, pour aller jusqu'au bout du protocole expérimental, au point final de cette modeste note, je lèverai les yeux de ma page. Bien sûr, on ne qualifiera pas de scientifique ce protocole. Vientiane, Laos - 31 décembre 2019

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