Le rêve américain
De Bruxelles, nous prenons la route vers l'Allemagne peu avant midi. Jour de Noël gris, pluvieux, tiède. Nous faisons un crochet par le Grand-Duché de Luxembourg, dont la capitale éponyme ne parvient à nous ralentir que par le mécanisme des feux rouges et des stops obligatoires. Revenus sur l'autoroute, nous faisons une dernière halte à une station d'essence pour bénéficier d'un carburant non taxé à la vente. Puis nous filons de nouveau à grande vitesse en direction de l'Allemagne. La frontière est franchie sans que je ne m'en rende compte. A toutes les sorties d'autoroute, je lis le mot ausfahrt, j'en déduis qu'il doit signifier freiner ou ralentir. Peu avant trois heures de l'après-midi, nous arrivons chez ma nièce Lady. Pourquoi elle habite une petite ville du côté de Kaiserslautern ? Répondre à une telle question reviendrait à raconter l'histoire du 20e siècle : les deux guerres mondiales, celles d'Indochine et du Vietnam, la Guerre Froide, l'histoire du cinéma, aussi, peut-être... Bref, née au Laos quelques années avant mon fils qui fait le voyage avec moi, ma nièce est partie aux Etats-Unis en 2005, où elle est devenue américaine peu de temps après en épousant un citoyen américain d'origine laotienne. Ce garçon est militaire instructeur en électricité pour l'US Air Force. Grâce à lui, je suis venu en Allemagne, et je pénètre dans une base militaire américaine. Il faut d'abord quitter l'Allemagne par le check point, en montrant sa carte d'identité. A l'intérieur, on est en Amérique. Il y a beaucoup de voitures, des centres commerciaux géants, des restaurants de type fast food où les sodas se consomment gratuits et à volonté... L'argent utilisé est le dollar américain, et le carburant se vend en gallons. En fait, il est gratuit pour les militaires. Ce que je ne savais pas, sinon, je n'aurais pas fait le détour par le Grand-Duché ! J'ai cru voir qu'ils payaient avec une carte à puce leurs dépenses spéciales. Enfin, après avoir fait le tour d'un supermarché, après avoir mangé de la nourriture chinoise américaine, après avoir bu un expresso de la taille d'un café liégeois, nous sommes allés au bowling. C'était une première pour moi. J'ai pu observer que les hommes forts et trapus sont bons à ce jeu. Mais également les femmes légères, les jeunes enfants, les personnes âgées encore en bonne santé. La boule est lourde conformément à ce qu'on peut imaginer. Le geste à trouver est plus subtile, à la fois très simple et très difficile à régler. J'ai fait deux strikes, et une dizaine de passages par les gouttières. J'ai bu de la bière. J'ai senti revenir un vieux torticolis et une douleur au bras droit. Je pense à ma soeur, mère de Lady, qui fait le ménage dans un hôpital d'Albuquerque. Quand j'aurai mon passeport biométrique, j'irai la voir.
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