chant et orgue à bouche du Laos



Le Khène : un orgue à bouche à découvrir La première fois que les Européens entendent parler de l’orgue à bouche — un instrument original qui fonctionne avec l’expressif principe de l’anche libre —, c’est en 1636, dans le Traité d’Acoustique de Marin Mersenne. Par la suite, le monde des sciences et de la musique a pu découvrir que l’instrument avait des cousins dans toute l’Asie : le sheng en Chine, le sho au Japon…
Outre ce son si particulier, le khène se joue en soufflant et en aspirant à la manière d’un harmonica dont il est aussi l’un des ancêtres. L’instrument, en « radeau », se compose de deux rangées parallèles de tuyaux en bambous, enchâssés dans une chambre à vent, une sorte de globe en bois creux. Dans la musique des Lao, on trouve d’autres instruments à anches libres, qui sont peut-être les précurseurs de l’orgue à bouche actuel. Les lamelles de métal (cuivre) résonnent aussi parfois dans une sorte de trompe en corne de buffle.
Indissociable des fêtes et de certaines cérémonies, le mokhène (joueur de khène) se livre, lorsqu’il joue solo, à des prouesses musicales époustouflantes, souvent accompagnées de danses et d’attitudes physiques qui illustrent les propos de la musique interprétée. Chaque prestation d’un mokhène révèle ainsi un art musical et chorégraphique très codifié mais aussi ouvert à toutes les libertés : quand il accompagne les chants improvisés « lam », il se plie à toutes les « demandes » musicales proposées par le molam (chanteur).
La naissance du khène se noie dans les limbes du temps. Une jolie tradition raconte qu’au départ, une femme avait conçu cet instrument pour imiter les oiseaux. Dans chaque peuple asiatique, si les légendes diffèrent, leurs chants restent toujours une référence. La « voix » du khène peut passer des sons les plus fluides et charmeurs à des effets sonores saccadés, voire agressifs. Un résumé de la vie tumultueuse du peuple lao. Quand la voix de l’homme est portée par le souffle d’un mokhène, c’est un peu comme si la tradition et la vie parlaient d’une seule voix, tant les deux entremêlent leurs chants.

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