Mangoustan, passion simple


Esquisser cinq mangoustans revient à dessiner cinq ronds sur la page, aussi, on veillera à ne pas y consacrer trop de temps, sinon le temps de méditation nécessaire pour entrer dans le sujet. La perfection de l'enveloppe du fruit appelle qu'on s'attarde sur ce qui ancre cette perfection dans du sensible. Derrière la dureté de la carapace, dont on sait qu'elle abrite une tendreté soyeuse, un goût subtil, un jus abondant et frais, une blancheur nacrée... on perçoit que la peau est gorgée d'un sang qui, certes, n'est pas animal, mais n'en possède pas moins les caractères, à savoir une inclination à l'affleurement, à l'éruption cutanée. Aussi, pour dessiner le noir de la peau du fruit, on mobilisera tous les rouges et roses et violets de sa boîte de crayons de couleurs, ainsi que tous les bleus des plus clairs aux plus sombres. En guise de blanc, on choisira toutes les nuances de jaune et de vert tendre. Enfin, on s'attachera, dans ce portrait de groupe, à ne pas dessiner des individus en tous points semblables, mais chacun dans sa singularité de carnation et de morphologie. Le dessin sera dit ressemblant s'il donne le goût du fruit aussi sûrement que si on le mangeait.

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