
Tous les noms des villes et des villages du Laos ne sont pas faciles à prononcer. Sayaboury, qui peut se décliner en plusieurs écritures : Xaignabouli, Xaignabouri, Xayaboury, Sayabouli ou Sayabouri..., et donne son nom à la province dont elle est la capitale, est non seulement facile à prononcer et mémoriser, mais a de surcroît une musicalité qui génère une force d'attraction telle qu'un jour — vous ne le savez pas encore, mais je vous le dis —, vous viendrez la découvrir dans la grande splendeur de son nom. Le voyage de Vientiane jusqu'ici est une aventure en soi, du fait de la très mauvaise qualité des routes. Je l'ai fait en deux jours, ce qui est raisonnable mais peut paraître long si l'on considère la distance parcourue : 350 km. Le voyage vaut surtout par la beauté des paysages qui progresse imperceptiblement des sensations de la plaine à celles des montagnes. Après cinquante kilomètres parcourus, la capitale du Laos semble un lointain souvenir tant le calme domine, jusque dans le labeur des rizières et des plantations. On se retrouve dans la compagnie du Mékong, qui progresse longtemps vers l'Ouest en nous tenant par la main, avant de nous abandonner quand l'envie lui vient de faire des détours dans la plaine, puis quand les reliefs commencent à s'accentuer. Ensuite, on l'aperçoit de loin en loin depuis les hauteurs, scintillance nacrée.

Sayaboury, ville de trente-et-un mille habitants, très étendue en superficie parce que se refusant à grandir en hauteur, et célébrant de maison en maison les jardins vastes et arborés, n'annihile en rien les émotions du voyage pour venir jusqu'à elle, comme trop souvent les villes qui, dès leurs abords, vous signifient immédiatement que vous franchissez la frontière qui sépare ce qu'elles ne sont pas et ce qu'elles sont. Ici, règne la verdure de la végétation, des étangs colonisés par les lotus et d'autres plantes aquatiques. Les rizières mêmes sont plantées dans un centre-ville troué de cultures. De sorte que les maisons sont littéralement — littérairement, devrais-je dire —, nichées dans l'amour des habitants pour les jardins et le travail des champs.
Commentaires
Enregistrer un commentaire