L'amour fragment


     "Quand je regarde une passante, je suis confronté à la donnée suivante : elle est un instant, l’instant est sa substance. Les réactions que je peux avoir à son égard s’inscrivent dans l’instant unique de son apparition. Cela n’exclut ni la passion, ni l’amour le plus immodéré, à condition d’être en mesure de se transporter dans un autre espace-temps et de savoir en revenir.

    Il s’agit moins de s’en remettre aux fragments d’un discours amoureux que de mobiliser avec une extrême acuité sensitive un discours poétique (de transposition) sur l’amour fragment. S’il fallait une comparaison : les étoiles filantes. Or, en tant qu’elles sont filantes, toutes les personnes, hommes ou femmes, jeunes ou âgées, que je croise dans la rue sont belles. Cette qualité d’évanescence incandescente, je ne peux la refuser à personne. Il n’en tient qu’à moi de ne pas la nier. Il suffit pour cela de ne pas suivre les gens de manière obsessionnelle. Pas de filature, ni de chasse. L’être de l’autre n’est véritablement filant que lorsqu’il me surprend dans ma plus grande vulnérabilité, dans ma propre solitude, dans mes instants de distraction. Les regards distraits sont aussi les plus inspirés, car ils appellent les plus belles rencontres. Les plus belles rencontres sont celles qui nous donnent intensément une conscience claire de notre propre singularité." 

Extrait du livre Last summer, Kiyé Simon Luang, les éditions commune, décembre 2021

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